Jeudi 21 septembre 2017
Intervenante : Hakima Ait el Cadi-Houdaf, Docteur en Sciences Sociales
Les échanges ont été très riches, l’intervention a englobé une série de domaines et de thématiques vastes raccordés par un fil conducteur : l’alphabétisation comme levier majeur de l’accessibilité des personnes à une identité de sujet insérable et employable, que le projet personnel soit ou non l’accès à un emploi. Parmi les conditions objectives à réunir : l’état de santé, et la création de supports et d’outils d’accès aux informations de masse et officielles adaptés aux usages réels et au niveau de connaissances des personnes à qui elles se destinent.
L’étude sociale a pour but de comprendre et déterminer comment accompagner les personnes en situation de précarité en tenant compte de tous les facteurs qui les concerne :
-
Condition de vie
-
Lieu de vie
-
Mode de vie
entre autres, et ce en vue d’établir un diagnostic d’autant plus important que celui-ci permet
- de comprendre et d’évaluer les besoins (en termes de socialisation) de cette personne et des sphères d’appartenances dans lesquelles elle évolue, en vue d’établir des projets territorialisés « structurants, innovants et probants »
-
d’évaluer la transférabilité de ces derniers (en tenant compte des moyens que la société met à la disposition des différents acteurs) afin que d’autres acteurs et groupes d’intervention puissent les investir en faveur de populations installées dans d’autres territoires (pour une gestion raisonnée et non rationnelle de l’enjeu de mutualisation des moyens auxquels les opérateurs sont contraints de plus en plus à répondre.)
Le lien a été fait entre cette approche globale des besoins d’une personne et le concept de « littératie » (mot d’origine anglo-saxonne) qui représente « l’aptitude (la compétence) d’une personne à utiliser l’information écrite dans la vie courante », que ce soit à la maison, au travail et dans la collectivité en général.
Il a été montré l’enjeu principal de l’accompagnement des personnes en situation d’alphabétisation pour tendre et permettre « l’amélioration de l’employabilité » des personnes, ainsi que les enjeux d’accès à l’instruction et d’insertion sociale. La notion d’employabilité, même si elle est confuse en ce qu’elle est construite à partir de la terminologie de l’emploi, n’est pas à corréler directement avec celle d’accès à un emploi, qui implique de considérer aussi la qualité du marché de l’emploi, de ses offres.
Apprécier « l’employabilité » d’une personne c’est cerner ce que cette personne possède comme compétences/capacités pour l’accompagner dans sa volonté de s’appréhender, de se penser « active » (entendu que cette appréhension est conditionnée par des représentations sociales et culturelles), de « prendre des décisions éclairées concernant (son) propre parcours à l’employabilité », et développer ses compétences pour qu’elle parvienne à une insertion sociale, et éventuellement professionnelle, réussie.
De cette notion d’employabilité découle des questions d’ordre pragmatique
-
Que peuvent enseigner/faire passer les accompagnateurs (dans le cadre de l’apprentissage du français) aux apprenants? Il faut repenser les outils d’accès, par des adultes, à la langue française, en tenant compte de leur parcours individuel, de leur environnement
-
Quels critères retenir lors d’un entretien pour appréhender une personne au-delà des critères fonctionnels, pour pouvoir cerner les besoins liés à la capacité d’une personne à s’insérer dans la société (motivation, assiduité, état de santé, conditions familiales, conditions d’hébergement, etc.), qui ne soient pas forcément liés à l’insertion professionnelle. Il y a nécessité d’analyser les réticences psychologiques, culturelles et physiologiques qui sont des freins à l’employabilité, en vue (ou non) d’obtenir une adéquation entre les compétences d’une personne et la possibilité d’un accès à l’emploi.
Il s’agit pour l’accompagnateur « d’appréhender l’actif » dans sa globalité (en tenant compte de la question « Qu’est-ce qu’un actif de nos jours ? Est-ce forcément une personne qui travaille pour un salaire ? ») à travers des « marqueurs sociologiques de l’adulte » tels que :
-
l’autonomie résidentielle,
-
l’autonomie financière,
-
l’autonomie de déplacement (la « motivité »),
en gardant à l’esprit que l’employabilité est un élément déterminant de santé personnelle (d’autant plus important dans un contexte d’emploi à temps partiel, de chômage).
Il a été indiqué que les fonds européens pour les dix prochaines années, dans le domaine des études sociales, ciblent les projets montrant l’employabilité des individus, par exemple :
-
élargissement des diagnostics « santé »,
-
comment une société peut adapter ses règles de fonctionnement pour intégrer et appréhender le public d’actifs (dans le cadre de la formation continue, de la « flexi-sécurité » liée aux emplois à temps-partiel et au nombre croissant de CDD plutôt que de CDI),
-
réflexion sur les enjeux de l’insertion : quels marqueurs peut retenir une société pour favoriser l’insertion, notamment ceux qui ont une influence sur la santé d’un individu,
-
comment accompagner une personne pour que la rupture d’emploi ne soit pas vécue comme un échec mais une période transitoire pendant laquelle cette personne conserve (et/ou développe) ses compétences sociales et professionnelles (son employabilité)
et ce dans le but de « Remettre l’usager au centre » des préoccupations de la société.
Pour finir, il a été rappelé les priorités du plan local de santé publique concernant les personnes âgées, les quartiers prioritaires, les mères célibataires.